Quatre mois de prison ferme pour un échafaudage

Paris, 27 septembre 2016. Deux monte-en-l'air sont jugés pour un crime qui glace le sang et étonne par son audace : le vol, en réunion et en récidive, d'un échafaudage. Le butin est évalué à 500 euros.

Tout le gratin de la capitale se presse pour voir le visage de ces deux Arsène Lupin. Enfin presque. Il y a au moins dix personnes à l'audience : les deux prévenus : Stéphane N. et Julien P., leurs deux compagnes, les trois juges, la procureure, l'avocat et un journaliste égaré.

La présidente raconte les faits. L'après-midi du 5 juillet 2016, un appel anonyme avertit le commissariat : deux individus sont en train de charger un échafaudage qui ne leur appartient pas dans une camionnette. Que fait la police ? La scène se déroule dans le XIIIe arrondissement de Paris. Une patrouille se rend sur place, les malfaisants sont toujours là. On les conduit au poste où ils reconnaissent les faits.

« J'avais des travaux à faire chez mon beau-frère »

« L’échafaudage, c'était pour le revendre ? » La présidente soupçonne un vaste réseau. « Non, c'était pour mon usage personnel. J'avais des travaux à faire chez mon beau-frère. » Personne n'en saura plus sur ces mystérieux travaux.

Quant aux circonstances, les deux prévenus plaident l'opportunité : « On était parti boire un verre sur Paris avec la camionnette, mais on est tombé sur cet échafaudage, alors on l'a volé. – L'occasion a fait les larrons », constate la présidente. À leur décharge, il faut reconnaître qu'un bel échafaudage, c'est difficile de résister.

L'avocat tente d’atténuer la fureur de la justice : « Tout de même, ils n'ont volé que quelques morceaux, pas l'échafaudage entier. »

Au terme d'un insoutenable délibéré, le tribunal tranche. Julien, qui n'a pas de casier, est condamné à la peine demandée par le procureur : 180 jours-amende à 8 euros. Stéphane, déjà condamné pour des vols simples, écope de quatre mois ferme sans mandat de dépôt.

Ce soir-là en quittant le palais, le cœur lourd, et même si l'on sait qu'il bénéficiera sûrement d'un aménagement de peine, difficile de ne pas penser au pauvre Stéphane qui pourrait avoir à expliquer à ses codétenus, emprisonnés pour viol, meurtre, trafic : « Et toi, tu es tombé pour quoi ?

– Vol d'échafaudage. »

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