Christopher et Pascal se retrouvent devant la 10e chambre. Quelques mois plus tôt, le second masturbait le premier dans une auberge de jeunesse. Une masturbation pas vraiment consentie par Christopher, un beau Néo-Zélandais d'une vingtaine d'années. D'une part parce que Pascal est un parfait inconnu. Et surtout parce qu'il dormait ! Pascal, quadra bordelais à l'air maladif, a fait sienne l'expression : « Qui ne dit mot consent. » Réveillé, Christopher a couru vers l’accueil expliquer sa situation. Les policiers ont arrêté Pascal sans difficulté : il s'était tranquillement rendormi !
Au tribunal, la victime demande un interprète. « Deux minutes de suspension le temps d’en trouver un à la permanence pénale », avise le président. Deux minutes qui se transforment en une bonne demi-heure. On pense avoir trouvé une interprète. Elle se désiste. La cour veut renvoyer l’affaire. Jusqu’à ce que maître Patrick Bertrand, belle moustache blanche, titulaire du barreau de New-York et présent pour une autre affaire, propose ses services. Après une rapide messe basse, les trois juges acceptent. Aussitôt, l'avocat enlève sa robe et se positionne à côté de la victime, hébétée.
À la barre, Pascal s’exprime bien. Il ne parvient pas à expliquer son geste. C'est une discussion de courtoisie qui a déclenché sa pulsion, amplifiée par son état d'ébriété. L’assesseur souligne que le prévenu n’a pas de casier, mais de sérieux problèmes avec l’alcool. Pascal assure comprendre la gravité de ses actes : « Je vois un psychologue depuis cette affaire », précise-t-il. Quant à Christopher, il ne semble pas vraiment marqué par les faits.
Du coup, le procureur tempère. Des faits graves, certes sans trop de conséquences, mais Pascal doit être aidé. Il requiert six mois de sursis, mais avec mise à l’épreuve de deux ans avec obligation de soins psychiatriques et pour son alcoolisme. L’avocat de Pascal adhère à cette vision et remercie la victime de sa présence, « phénomène rare ».
Après l’attente de l’interprète, l’attente du délibéré. D’autres affaires devant être jugées, Christopher attend une bonne heure, sage comme une image, au premier rang. S’en suit une suspension. Ajoutez une heure et demie. Enfin, la décision est rendue, conforme aux réquisitions. Rejet de la demande de l’avocat concernant la non-inscription au casier. Pascal et Christopher repartent, veillant à ne pas s’approcher l’un de l’autre.