« Le PV est mensonger, cette surveillance est bidonnée »

Tribunal de Marseille. Apparaît le jeune Sofiane, 18 ans, qui s’est acquitté de deux mois de préventive. Le 5 mai vers 10 h, la BAC Nord en planque le reconnaît et le suit. Sofiane est dans la cave de sa tante, « et les policiers vous aperçoivent au travers d’une lucarne fouiller dans un sac », déroule la présidente. Sofiane sort et les policiers se ruent sur lui lorsqu’il atteint le hall d’entrée. Il a jeté à leur vue un sac plastique gris contenant 798 grammes de résine de cannabis. La brigade des stup’ prend le relais et découvre, après perquisition de la cave, deux kilos de plus et un pistolet. « Puis on trouvera dans une veste rose, chez votre tante qui habite au premier étage, 2 700 euros en liquide », achève la présidente.

Sofiane, chignon et barbe éparse, nie tout en bloc. « Je n’avais pas ce sac, j’ai juste changé la serrure de la cave de ma tante. » On a retrouvé ses empreintes sur l’autre sac : « J’ai dû le toucher il y a trois jours, mais ce n’est pas à moi. J’ai laissé quelqu’un garer sa moto dans la cave, je me suis fait berner, madame. » Les policiers ont aussi retrouvé les empreintes d’un autre qui a été interpellé, puis relâché sans que l'on sache pourquoi.

« J’ai déposé une plainte pour faux et usage de faux en écriture publique ! »

La quantité est énorme, et « le parquet de Marseille a déclaré la guerre au trafic de stupéfiants. Je note que la qualité du cannabis a été évaluée à 30 % de THC, c’est énorme et inquiétant », professe le ministère public. Et il demande deux ans.

L’avocat, quinquagénaire à barbe grise déboule furibond dans le prétoire : « J’ai déposé une plainte pour faux et usage de faux en écriture publique ! » À sa demande, un huissier a dressé le constat qu’aucune lucarne ne permettait de regarder dans la cave. L’avocat s’étrangle : « Le PV est mensonger, cette surveillance est bidonnée. » Il fulmine tout à fait : « On peut se transporter sur les lieux, on peut demander un supplément d’information, on peut y aller tous ensemble, là, tout de suite ! » Tout en imprécations, il demande la relaxe.

« J’ai entendu sa tête taper contre la porte d’entrée ! »

Dans le couloir devant la salle, les cousins de Sofiane s’excitent : « L’avocat il était déchaîné ! Au début il voulait pas me croire que les flics avaient menti. » La tante bondit de son siège et raconte l’interpellation : « Du bout du couloir j’ai entendu sa tête taper contre la porte d’entrée ! » Un étudiant en droit tend l’oreille : « Faux en écriture publique ! C’est les assises ça ! »

La sonnerie retentit, les soutiens s’engouffrent dans la salle. Deux ans fermes, maintien en détention. Un cousin lance un mot en arabe et le rassure, le pouce en l’air : « On va faire appel avec l’avocat ! »

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