L'arrêt qui condamne l'ex député belge négationniste à visiter les camps d'extermination

L'arrêt qui condamne l'ex député belge négationniste à visiter les camps d'extermination

La cour d'appel de Bruxelles, mardi 20 septembre, a rendu un arrêt tout en verve contre Laurent Louis, condamné pour diffamation et négationnisme.

Laurent Louis est un ancien député belge qui aime entretenir le doute sur l'existence de la Shoah, ou plus précisément, qui minimise sa portée et relativise le nombre de Juifs victimes du régime nazi. Cela lui arrive aussi, fréquemment, de faire des listes de pédophiles sur son blog, accusant la justice de couvrir ces personnalités dont on ne sait pas toujours ce qu'il leur reproche, si ce n'est qu'ils doivent faire partie d'un système qu'il conspue. Un système alimenté par des réseaux occultes, voici la ferme vérité en laquelle croit Laurent Louis, si radical dans sa démarche que ce qui est communément désigné la « Dieudosphère » a depuis longtemps pris ses distances avec ce maboul d'outre Quiévrain. « Magouille, corruption et pédophilie, les ingrédients de la politique belge ? », article paru en 2012 alors qu'il était encore député fédéral, fait partie des textes incriminés. Un journaliste l'a appelé, intéressé par ces révélations, et, devant l'inanité des informations, a décidé de ne pas écrire d'article. Pour Laurent Louis, le rédacteur du Soir était un complice des réseaux pédophiles.

« Pseudo chevalier blanc d'arrière-boutique »

Laurent Louis, donc, établissait des listes de noms, auxquelles il accolait des qualificatifs infamants, tels que :

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La cour relève en outre qu'il est « d'autant moins inadmissible que Laurent Louis a mené cette campagne en profitant de la circonstance, à l'époque, député, alors qu'il n'était qu'un pseudo chevalier blanc d'arrière-boutique. » (Page 32)

La cour ajoute : « Devant le premier juge, Laurent Louis a encore cancané, en présence de sa horde de sous-fifres, en faisant preuve, lui qui avait pourtant suivi des cours de droit de sa totale méconnaissance de notions élémentaires telles que la présomption d'innocence et les droits de la défense. » (page 32)

Les pages qui suivent valent la lecture.

Laurent Louis était également accusé de recel de photos de cadavres, en l'espèce des photos des autopsies de deux petites filles, victimes du tueur pédophile Marc Dutroux, qu'il détenait dans une mallette. Il a cependant été acquitté de ce chef. Mais la cour a modérément apprécié le dossier constitué par l'une des parties civiles au procès :

« [La cour] ne peut, en outre, qu'être révulsée par l'attitude ignoble, voire nécrophile, de l'une des parties civiles qui a cru utile, en pièce 9 de son dossier, de déposer une photo du gros plan des organes génitaux de l'une des victimes, dépassant ainsi, non seulement toutes les limites de l'indélicatesse, de l'indignité et de l'outrance mais violent, en outre, la mémoire de cette victime. » (Page 41)

À partir de la page 51, la cour aborde l'incrimination de négationnisme. Elle retient l'incitation à la haine contre les Juifs, et la minimisation des crimes nazis, tels que défini à l'article 444 du code pénal (belge, évidemment).

La cour considère (page 53) :

![](/content/images/2017/09/Capture-d-e-cran-2017-09-28-a--10.58.35.png)

Les pages suivantes valent la lecture.

Auschwitz, Majdanek, Birkenau, Treblinka, Dachau.

Puis, en page 55, la cour amorce sa réflexion sur la personnalité de Laurent Louis. Entre pitié et mépris, son cœur balance :

« Laurent Louis n'est plus parlementaire ; il n'est plus un homme public qui a cru que cette fonction lui permettait de faire tout et n'importe quoi.

« Ses errements l'ont conduit dans une impasse dont il a beaucoup de mal à sortir, étant rejeté par beaucoup de personnes qui le considèrent désormais comme un paria.

« Les feux des projecteurs devant lesquels il a tant cherché à paraître lorsqu'il avait une vie publique le brûlent depuis qu'il a quitté celle-ci et qu'il est confronté aux problèmes qu'il a lui-même créé.

« L'homme arrogant et dénué de tout scrupule, qui a fanfaronné devant le premier juge, a fait place, devant la cour, à une personne qui sait faire preuve d'humilité et de compassion à l'égard de ceux qu'il a blessés.

« Son désir de réparer les fautes qu'il a commises n'apparaît pas dénué de toute sincérité. »

Laurent Louis a demandé de bénéficier de la suspension probatoire du prononcé de la condamnation, et a proposé de se rendre, une fois par an pendant cinq ans, dans l'un des camps d'extermination nazi, et d'en faire un résumé à chaque retour de visite, sur sa page Facebook. Auschwitz, Majdanek, Birkenau, Treblinka, Dachau.

la cour a fait droit à cette demande (page 56).

L'arrêt de la cour d'appel, rendu à Bruxelles le 20 septembre 2017 :

Laurent Louis Arrêt de la cour d'appel de Bruxelles by JulienMucchielli on Scribd

Arrêt du 20 septembre de la cour d'appel de Bruxelles
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