« J'fais partie de Boko Haram, j'vais vous enculer ! »

« J'fais partie de Boko Haram, j'vais vous enculer ! »

Grand black à l'air un peu fou, Henry a une excuse toute trouvée : « J'me suis endormi. J'me souviens de rien. » Bien joué, mec, mais pas suffisant. La juge le mate d'un air blasé. Elle fouille dans ses petits papiers et raconte la nuit de folie que s'est payée Henry deux jours avant : « Complètement ivre, vous refusez de descendre au terminus du tram. » Après, ça part en couille : les vigiles de la RATP rappliquent et le virent. Pas trop jouasse, Henry leur balance un « j'vais t'enculer, sale bougnoule ! » Bim bam, coup de pied, morsure, menottes.

Direction le comiko. « Alors là, autre partie de plaisir, continue la juge sans se marrer*, vous commencez par cracher par terre, puis vous urinez sur le sol alors que des policiers nettoient vos crachats… »* Chaud bouillant le Henry ! Il essaie de se faire les flics et les menace : « J'suis Nigérian, j'fais partie de Boko Haram, j'vais égorger tous les Français, j'vais vous enculer ! » Bonne pâte, ils lui proposent quand même un médecin : « Vous leur avez répondu, évidemment : "Allez vous faire enculer." »

T-shirt déchiré et look chelou

Aujourd'hui, il fait pas le fier dans son box, Henry. Le t-shirt déchiré, ça la fout mal. Six-sept petites tresses qui partent de son front pour faire la moitié de sa tête et finir en crête chelou inversée, avec ça une toute petite barbiche sur le bout du menton : même la juge doit avoir envie de se foutre de sa gueule.

Henry et son avocat

Henry et son avocat (illustration : Pauline Dartois)

Bon. Henry s'était enfilé un peu de pif l'autre soir, mais pas grand chose : 0,71 g dans le sang, pas plus. Ouai, il a un casier, mais pour que dale : un peu stup, rébellion, dégradation. Ok, ya aussi un vol avec violence. Mais rien depuis 2009. Séjour irrégulier ? Ah bah, oui, Henry est sans-pap, mais « c'est en train de s'arranger », d'après lui. Et puis il bosse en plus, comme agent de maintenance.

Les avocats des flics et des vigiles se déchaînent : « Mes clients ont été atteints dans leur honneur, pas en tant que fonctionnaires de police, mais en tant qu'hommes. » Ils veulent quelques centaines d'euros par tête pour une poignée de jours d'ITT.

« Ce serait presque drôle… »

L'avocat d'Henry se fout de leurs gueules : « Ce serait presque drôle : un fonctionnaire de police mordu, un autre à quatre pattes… » Le truc avec Boko Haram, c'est une crétinerie de bourré, mais oui, Henry vient du Nigéria. Son problème ? Les médocs. Il en prend depuis qu'il est en France. Et ça se mélange mal avec la picole. Faut dire qu'il revient de loin, Henry : il a fui en 2003, « quand il n'y avait personne pour s'indigner des massacres ethniques », attaque le bavard. Alors, oui, il a un petit pet au casque. En patois d'avocat : « Il a trouvé refuge dans des instincts assez anormaux. »

Le proc veut quatre mois, dont deux ferme. Mais le tribunal voit les choses différemment : Henry prend plus du double, huit mois, dont six ferme, avec mandat de dépôt. Boum. Et plus de 3 000 € à refiler aux victimes.

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