Un fils de chauffeur de taxi a tué un chauffeur de taxi. Le symbole est patent : parricide par déplacement d’objet. Chacun cherche à connaître quel refoulement a rongé Rudy P., 28 ans, assis dans le box des accusés. Il a une petite tête posée sur un long corps, des bras sans fin, un visage anguleux et un large front barré d’une mèche en diagonale. Il est venu en chemise bleu ciel sous un coquet gilet gris clair. La cour n’est pas encore entrée. Rudy P. balaie de ses yeux fugaces la cour d’assises de Pontoise. Une famille éplorée s’aligne sur les bancs de la partie civile : Mme Traoré, 52 ans, ses deux fils aînés de 28 et 30 ans, sa benjamine de 13 ans et des tantes en boubou attendent, la mine grave et le regard dur, de trouver un sens au meurtre de leur mari, père, frère, Moussa Traoré.
Saint-Ouen-l'Aumône, le 29 octobre 2012 à 1 h du matin, un hurlement : « Je suis taxi, on me tue ! » Un homme titube, bouscule un portail, cogne à l’huis et s’effondre. On ouvre : « La victime était allongée dans une mare de sang, avec une plaie de la jugulaire profonde », témoigne l’infortuné riverain, infirmier de profession. Moussa agonise, s’étouffe dans son sang qui envahit ses poumons. Il est encore vivant à l’arrivée de la police, puis perd conscience et meurt. Au côté droit de son cou, un trou rouge. C’était Moussa Traoré, 55 ans, artisan taxi.
La présidente Isabelle Rome relate l’enquête de police. La scène de crime est à une vingtaine de mètres du dernier souffle de la victime. C’est le véhicule de Moussa, dont l’habitacle est maculé de sang. Des billets de banque jonchent le sol et les sièges. La police relève les empreintes papillaires et débute ses recherches.
Le 31 octobre, ces empreintes sont identifiées : elles appartiennent à un homme en garde-à-vue à Pontoise depuis la veille pour le vol d’un véhicule sous la menace d‘une arme. Cet homme est Rudy P., 25 ans, qui avoue immédiatement avoir planté un couteau dans la gorge du chauffeur de taxi. Les enquêteurs lui apprennent l’issue fatale de son geste.
« C’était tout chamboulé dans ma tête »
À l’audience, la présidente demande à Rudy de raconter comment tout cela est arrivé. Il paraît détaché, hausse les épaules. « Je sais pas quoi vous dire », puis répète machinalement quelques bribes de sa déclaration, beaucoup plus détaillée devant les policiers et la juge d’instruction. « Je ne me souviens plus, c’était tout chamboulé dans ma tête, si j’ai dis cela, c’est que c’est la vérité. » Jamais, il le martèle, il n’a tenté de dissimuler la vérité.
Ça a débuté le 28 octobre 2012. Rudy joue aux jeux vidéos, encore. C’est un jeune homme morne, sombre et oisif, qui ne voit personne et ne cherche pas de travail. Il est dans la phase avancée d’un « suicide social », expression reprise par ceux qui l’ont connu jadis. Rudy traîne son ennui au domicile familial, à Saint-Ouen-l’Aumône. Il n’attend rien.
Son père rentre de sa journée : 4 h-16 h, c’est un artisan taxi parisien très actif, bourreau de travail. Il tourne autour de son fils dont l’inactivité le perturbe. Ils sont dans le salon, le père regarde Rudy et le tance : « Je lui ai demandé s’il comptait trouver du travail, je lui ai dit que j’allais l’aider, téléphoner à ses cousines. » Rudy ne réagit pas, il reste abruti sur son écran. Le paternel insiste, s’énerve, fait de grands gestes pour distraire son fils, et finalement taloche l’ordinateur. Courroux de Rudy, menace : « Arrête, je peux te frapper ! » Les parents sont sidérés. Chez les P., famille mauricienne chrétienne pratiquante, on est élevé dans le respect pieu des aînés et jamais un cri n’est venu déchirer l’ambiance paisible du cocon familial. La mère intervient : « Depuis quand tu parles à ton père comme ça ? » Rudy pète un plomb : « Vous me rendez malade ! » Il vise sa mère : « C’est à cause de toi que je suis devenu fou, je vais te tuer ! – Tu es possédé ! » Le père éclate : « Stop, tire-toi de là ! » Et Rudy disparaît dans la nuit.
La cour attend une impression. Rudy a honte de son attitude. Il commente : « À ce moment, j’étais parti pour de bon, vu ce que j’avais dit. Je m’apprêtais à dormir dans la rue. » Il avait vu un reportage sur le monde violent des SDF, alors il enfouie dans son sac un couteau en céramique dont la lame mesure 14 cm. Il marche et prend le train à Pontoise jusqu’au terminus, Massy-Palaiseau. Il repart en sens inverse et descend à la gare du Nord. Il erre dans le hall, dans un état second, en mode survie, la conscience secouée et l’esprit troublé. De l’étage du Quick dans lequel il se restaure, il aperçoit la station de taxi. Rudy avait fait une formation de taxi, il sait qu’un chauffeur braqué donne sa recette sans résistance. Aux toilettes il range le couteau dans sa poche, prêt à dégainer. Puis il sort et hèle Moussa.
La veuve de la victime explique que son mari ne faisait pas de course en banlieue, mais il accepte de raccompagner Rudy à Saint-Ouen-l’Aumône. « Il ne supporte pas de voir un jeune traîner dans la rue à cette heure là, je suis sûr qu’il a voulu ramener un enfant à ses parents », marmonne-t-elle entre deux sanglots. La course débute.
Un huis clos sympathique s’installe dans l’habitacle. Moussa est bavard et cordial, plein de bienveillance quand Rudy lui apprend que son père exerce le même métier. Le taxi file vers une impasse où Rudy a prévu de dérober la recette.
« Il y avait du sang partout »
Ce n’est pas à l’audience que Rudy a pu détailler la suite. Tout est flou, son esprit ne parvient pas à construire un déroulé rationnel. Aux policiers, il raconte :
« On s’est arrêtés dans cette impasse… Il m’a demandé de régler la course… Je l’ai réglée. J’ai sorti un billet de 50 €. À ce moment-là, j’ai hésité à sortir le couteau… Je m’étais dit que j’allais le braquer mais j’hésitais encore… Je lui ai demandé si le compte était bon… Il m’a répondu qu’il ne serait pas malhonnête avec le fils d’un taxi… Je me suis demandé si j’allais sortir le couteau et finalement, je l’ai sorti. À ce moment-là, il a eu peur… Je lui ai dit que je voulais son argent. Il m’a tendu les 50 €, tout était chamboulé dans ma tête. Je ne sais plus si j’ai repris les 50 €… Je ne comprenais pas qu’il me donnait si peu (seulement des petites coupures de billets). J’ai haussé le ton. Je lui ai demandé plus, c’était complètement chamboulé dans ma tête.
Il a pris peur. Je ne sais vraiment pas ce qui s’est passé. Il a fait un sursaut peut-être et c’est moi qui ai eu peur. Je lui ai mis un coup de couteau… J’avais le couteau dans ma main droite. Comme je vous l’ai dit, il a dû sursauter, ça m’a fait peur, le coup est parti. Il a appuyé sur le klaxon. Ça m’a fait peur. Le deuxième coup est parti. Je ne me souviens pas à quel niveau je l’ai touché… C’est très embrouillé, ça s’est passé tellement vite… Il y avait du sang partout. Je ne comprends pas pourquoi il y avait du sang. Je n’ai plus pensé à lui, j’ai juste pensé au sang… Tout ce sang m’a choqué… Pendant ce temps-là, il est parti. Je suis sorti de la voiture… J’ai regardé autour de moi. Je ne le voyais pas. J’entendais encore crier. J’étais déboussolé. J’étais affolé… Ses cris reviennent encore dans ma tête… Je me suis dit que je devais fuir le plus loin possible… Il a tambouriné à une porte et j’ai vu des lumières s’allumer… J’ai compris qu’il aurait de l’aide et je suis parti à pied. »
Rudy débute sa cavale. Il se planque dans une cabane de jardin, change de pantalon et s’enfuit au petit matin. Il cherche un refuge chez un ancien ami. C’est son frère qui l’accueille. À la barre, il témoigne : « Il était assez inquiet, je me suis dit qu’il avait dû se faire virer de chez lui. » Il appelle son frère qui lui dit de lui donner à manger et de le faire partir. Rudy poursuit son errance toute la journée du 29. Il raconte « qu’il n’était plus lui-même », dans un état second.
C’est à 3 h du matin que Rudy aperçoit une voiture se garer dans un parking. Il est tapi dans la pénombre, une pierre à la main. Sébastien, responsable d’une grande brasserie parisienne, rentre du travail. « Je vois un individu qui me fait signe de loin. J’attends. » Rudy brandit la pierre : « J’ai froid, tu me donnes tes clefs de voiture ou je te fracasse tranquillement la tête. » Sébastien prend peur : « J’ai trois enfants, tu déconnes pas », lui répond-t-il. À la barre, il transpose son effroi d’alors : « Il était calme, serein. Il avait un regard d’une froideur et d’une détermination qui m’ont glacé. C’est simple, depuis, son visage pour moi c’est le visage de la mort. » Rudy va dormir plus loin dans la voiture volée. Il est repéré le lendemain après-midi par un ami de Sébastien, qui prévient la police. Rudy est interpellé.
« Vous comprenez que votre absence d’explication est inadmissible ? »
Cette cavalcade hallucinée n’explique hélas les raisons du passage à l’acte par aucun élément rationnel : pas de motif crapuleux, aucun élément passionnel. Le crime paraît gratuit, ce qui le rend plus odieux, plus douloureux pour la famille de la victime. C’est comme si la stupeur du moment ne pouvait s’estomper. À la barre, la mère de l’accusé part dans une litanie de plaintes. Elle craque complètement à la barre, pousse un long geignement et, les mains jointes, implore le pardon de la partie civile. Son père est tétanisé et bredouille ce qu’il sait de son fils. La famille de Moussa reste impassible.
La famille Traoré attend tout de Rudy, un récit rationnel, une cause logique à son geste inouï. Mais il reste coi face aux exigences de la partie civile. Leur avocat Me Olivier Lambert l’exhorte à donner le « pourquoi » de son geste : « Vous comprenez que votre absence d’explication est inadmissible ? » lui lance-t-il, tentant de lui arracher un commentaire rationnel qui, l’espère-t-il, apaiserait le trouble de ses clients. Mais Rudy s’en dit incapable.
La cour plonge alors dans l’enfance de l'accusé. Il est choyé par ses parents, élevé dans la tradition mauricienne de « l’enfant-roi ». Sa petite sœur, 20 ans aujourd’hui, confirme : « On a été élevés comme des petits princes, on a toujours eu tout ce qu’on voulait. » À la barre, elle raconte son frère au secours d’anecdotes joyeuses. Elle est toute pimpante, sa voix est gaie : les jeux, les attentions de son grand frère à son égard, une entente fraternelle puis le renfermement de Rudy sur lui-même, sa désinsertion de la vie sociale.
Ses parents racontent la même enfance paisible. Rudy n’a même pas fait de crise d’adolescence. C’était un garçon doux, étranger à toute violence, qui prenait soin des autres – comme de sa grand-mère malade, qu’il a veillé six mois durant. Il a un temps voulu faire médecine, mais il ne supportait pas la vue du sang. Le point de rupture semble être son double échec au baccalauréat, filière scientifique. Pourtant excellent élève, il aurait été « cassé » par une exigence académique malgré tout hors de portée. C’est Clémence, une jeune avocate de 28 ans, qui raconte le mieux cette époque. Ils étaient meilleurs amis, inséparables. « Il me donnait le sourire, c’était un excellent ami, à l’écoute, marrant, plein de second degré. » Il pouvait néanmoins être imprévisible et lunatique dans son attitude, ce que son ami et compère du handball, Thibaut, a également souligné. Mais prime avant tout sa bonne humeur et son inaptitude totale à la violence, sous quelque forme que ce soit. Il ne buvait ni ne se droguait.
Clémence met le doigt sur le point de basculement : les résultats du bac. « Il m’a dit : voilà, nos chemins se séparent. » D’après Rudy, c’est sa mère qui lui a supprimé son téléphone. Ses amis ne l’ont plus jamais revu.
L’acte n’est pas le fruit d’une « bouffée délirante »
La cour a alors questionné l’examen psychiatrique de Rudy. Le Dr Françoise Dumont a produit un long examen qu’elle explique à la barre. Elle écarte d’emblée la question de la symbolique qui sous tendrait le passage à l’acte : aucun élément ne permet de conclure que l’accusé a voulu tuer son père en attaquant Moussa. Lui-même rejette cette hypothèse. Le meurtre n’apparaît pas non plus crapuleux. Le besoin d’argent, le froid qui l’étreignait ? « Non, ce ne sont que des justifications morbides. » Une sorte de para logique utilitaire. Si Rudy a anticipé le fait de voler, il n’a pas anticipé celui de tuer.
L’expert n’a décelé aucune psychose active. Elle résume : « Pas d’hallucination, il n’entend pas de voix. Pas d’effet de dissociation, pas d’intuition pathologique, pas d’influence délirante. » L’acte n’est pas le fruit d’une « bouffée délirante » et les mécanismes de défense semblent alors tout à fait efficient. Rudy n’est pas schizophrène, son discernement n’était pas aboli au moment des faits au sens de l’article 122-1 du code pénal. Il est accessible à une sanction pénale.
Le Dr Dumont détaille cependant ce qu’elle comme une « personnalité psychopathologique de type schizoïde ». Elle note un développement psychique « plutôt désorganisé » et une « fragilité des assises narcissiques ». Après le double échec du bac, Rudy est confronté à l’impossibilité d’une « création personnelle » à laquelle il répondra par une évolution régressive, un évitement à se confronter à la réalité de la vie et un besoin de comblement du vide psychique par l’utilisation addictive de jeux vidéos. Elle conclue à une pathologie de type schizophrénie insipiens, dont les symptômes « sont plutôt inconsistants au sens où il ne sont pas ceux d’un syndrome d’automatisme mental, ni d’intuition délirante, ni de franche dépersonnalisation », mais représentent néanmoins une forme de déconnexion.
Cela se traduit par une certaine froideur. L’expert a été frappée par le détachement du sujet pendant le récit des faits : son air détaché, comme s’il était en dehors de l’histoire. « Le repli sur lui-même, l’inattention aux joies et aux peines, à l’empathie à l’autre caractérisent cette pathologie », comme l’hostilité aux parents. De cette pathologie, résulte l’absence d’une « métabolisation suffisante pour faire face aux violences fondamentales. Même s’il est apte à montrer une certaine maîtrise de lui-même, mais le fond est beaucoup plus fragile », poursuit-elle.
Questionné sur son acte, Rudy répond : « Aujourd’hui, je n’ai pas la réponse, je pense tous les jours à ce que j’ai fait. Sur le moment des faits, c’était vraiment pas moi. C’est comme si vous me demandiez de détailler les pensées d’un autre. » Le docteur l’explique par une « élaboration mentale très peu efficiente du passage à l’acte du fait d’une logique inadaptée. Ses regrets ne sont que des formules intellectuelles, ce qui ne veut pas dire qu’ils ne sont pas non pensés », précise-t-elle.
Elle revient sur la seconde agression. La terreur ressentie par Sébastien, lorsque Rudy le menace, lui inspire cette observation : « Cela s’apparente à une pulsion d’agressivité majeure, sans filtrage et de nature archaïque, une sorte de déflagration de la pulsion agressive. » Or, la schizophrénie insipiens, structure de personnalité très complexe, peut se détecter dans un passage à l’acte immotivé. Chez Rudy, il y en eut deux.
L’amnésie ciblée de Rudy a pu être perçue comme une forme de provocation par la famille de la victime, ainsi que par l’accusation. L’expert explique que le « blanc mémoriel » est un mécanisme de défense fréquemment mis en œuvre lors d’un passage à l’acte très violent. À l’incitation de l’avocat général, elle insiste : son discernement n’est pas aboli. « Il n’est pas envahi par un champ délirant. Ce ne sont pas les voix qui lui ont dit de faire ça. Mais c’est bien le noyau psychotique qui a permis cette déferlante. » Elle conclue à l’altération du discernement de Rudy P.
« Est-ce que la prison peut le guérir ? »
Au deuxième jour d’audience, le Dr Magali Bodon-Bruzel est venue détailler la seconde expertise, effectuée avec le Dr Roland Coutanceau, qui préfère éviter les cours d’assises. Son rapport est moins touffu mais ses conclusions identiques : personnalité schizoïde, altération du discernement. L’expert a tenu à différencier la froideur du schizophrène de celle du psychopathe. Le premier a du mal à communiquer, à aller vers les autres, dans leur monde, et il peut en souffrir. Le second est dans le déni de l’altérité, voire dans la cruauté. L’autre n’est pas important et il veut en jouir. La différence fondamentale : la froideur du schizophrène ne « pulsionne » pas l’acte. Rudy est réadaptable, sa pathologie est curable. Il suit d’ailleurs un traitement léger, qui calme ses angoisses. L’avocat général se demande si la thérapie des « murs soignants » peut être efficace ? Il précise : « Est-ce que la prison, le fait d’être enfermé, peut le guérir ? – Absolument pas », rétorque l’expert. C’est uniquement dans un cadre thérapeutique que cette pathologie pourra être vaincue.
C’est déjà presque la fin. L’audience ne semble avoir tourné qu’autour de la personnalité psychique de Rudy, qui le plus souvent est resté prostré dans son box. Il avait si peu à dire, au contraire d’une partie civile irritée de voir la discussion s’éterniser sur le bourreau. Les fils prenaient des notes, préparaient leur hommage au paternel. L’aîné voit dans ces longues et savantes analyses une tentative d’excuse de l’acte. À la barre il s’exclame, impuissant : « J’ai perdu mon père gratuitement, c’est démesuré ! Moi aussi j’ai subi un traumatisme ! » Il décrit un père aimant, un homme bon et courageux. Tout comme sa mère, qui interpelle directement l’accusé : « Comment tu peux être intelligent et faire cet acte là ? » Moussa venait d’acheter la plaque de son taxi, que la famille a dû vendre pour payer des dettes. Et l’assurance ? L’avocat intervient : « Moussa Traoré était diabétique à un niveau très faible. Mais il a omis de le déclarer à la banque lors de la souscription du prêt pour acheter la plaque. » Le diabète n’a rien à voir dans la mort de Moussa, mais l’assurance n’a pas voulu rembourser.
Une petite voix est venue ponctuer ce défilé de chagrins : la petite dernière, qui insiste pour parler. Elle se tient droite : « Je n’ai jamais pensé qu’un jour on pouvait partir travailler et ne plus jamais rentrer. Je ne pensais pas que ça existait de mourir gratuitement. » Puis elle s’effondre dans les bras de sa mère.
Rudy P. s’est tenu la tête à deux mains, tout à fait affligé de ce qu’il voyait. Mais son récit des faits s’est cantonné à une reprise a minima des déclarations. Le même ton monocorde, sans affect, la morne tonalité d’un homme détaché. Par moment, on pouvait apercevoir comme un rictus de gêne au coin de sa bouche.
Les deux parties ont plaidé, l’avocat général a requis 20 ans. Rudy P. a été condamné à 15 ans de réclusion criminelle, à un suivi socio-judiciaire de six ans assorti d’une obligation de soin. La cour a reconnu l'altération de son discernement. Pour l’instant, personne n’a fait appel.