À trois jours du réveillon, Jayson est de retour devant le tribunal, encore pour outrage. La dernière fois c'était le 19 novembre, le jour de son anniversaire, et le prétoire lui avait fait un beau cadeau : du sursis avec mise à l’épreuve malgré ses 19 condamnations. Principale obligation : arrêter la boisson. Mais pour fêter sa fin de détention provisoire, ce puissant Congolais de 34 ans s'est précipité dans une épicerie pour acheter une bouteille de whisky…
La suite de la soirée lui fut comptée en garde à vue : bousculade avec des militaires dans le métro, embrouille. Viande saoule, Jayson s'est écroulé par terre et a menacé le soldat qui l'a relevé : « Pour cette fois ça ira, mais la prochaine fois je vous crève. » Amené au commissariat, Jayson n'était pas violent, mais restait bien agité : « Sur le Coran de la Mecque, je veux le numéro de vos collègues qui m’ont arrêté. Sur le Coran de la Mecque, j’ai plus rien à perdre. Si je dois prendre dix ou vingt ans, autant le faire tout de suite ! »
« Ils servent à quoi les militaires ? lui demande l’assesseur.
– À la sécurité des gens, répond le prévenu.
– Ouais. Et comment se fait-il qu’à peine sorti du tribunal, qui venait de vous enjoindre l’arrêt d’alcool, on vous retrouve avec une bouteille de whisky ?
– C’était mon anniversaire, madame. Pour moi, c’était la dernière fois que je buvais.
– Vous avez été condamné deux fois pour outrage. Vous pensez avoir un problème ?
– Non, pas du tout, claironne Jayson. Je me suis juste laissé emporté par l’alcool. »
La magistrate lui rappelle que loin d’être une excuse, l’alcool constitue une circonstance aggravante. Le procureur, lui, se dit « profondément scandalisé » par le comportement du prévenu. Un homme à qui la justice avait laissé une chance, mais qui, dès sa sortie de prison, « ne trouve rien de mieux à faire que d’insulter des militaires. Ils ont autre chose à faire que d’éconduire des alcooliques. » Il réclame dix mois de prison ferme, avec maintien en détention.
L’avocat de la défense souhaite « remettre les choses en perspective ». Il dépeint un Jayson qui ne menaçait personne physiquement et qui « a heurté malheureusement des militaires ». Selon lui, une peine de prison n’aurait aucun sens. Le tribunal, après une courte suspension, condamne Jayson à cinq mois de prison ferme avec mandat de dépôt.