À la barre du tribunal de Marseille, Samia et sa mère viennent de se constituer partie civile : « Je ne veux pas qu’il aille en prison, juste qu’il arrête de boire », dit Samia. Sofiane, un ancien du bâtiment de 52 ans, ne se souvient pas trop de la scène et nie de sa voix lézardée les méfaits dont on l’accable. La toute petite femme qui bredouille à la barre ne le contredit pas. Elle a pourtant décrit aux policiers un mari alcoolique qui la battait, la forçait à des relations sexuelles et la séquestrait. « Moi avec ma femme, ça se passe très bien au niveau sexuel », prétend Sofiane. « Il ne la séquestre pas, il l’empêche de sortir », expose Samia.
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« Là je le vois foncer sur moi avec une hache comme ça ! »
Ce jour-là à la cité de la Castellane, les cris des deux femmes affolent les voisins qui alertent la police. En tête de patrouille, Jérémy, un colosse au crâne de bonze qui témoigne désormais : « J’entre dans l’appartement, monsieur a une attitude agressive, je l’écarte d’un bras et l’isole des deux femmes. Et là je le vois foncer sur moi avec une hache comme ça ! », s'émeut-il en écartant les mains de 30 cm. Il commente : « J’ai l’habitude du terrain, j’ai été dans le 93, les quartiers Nord, mais là j’ai été choqué, j’ai pensé à ma petite. » Heureusement, sa « carrure » a freiné les coups : deux toutes petites entailles sur le bras gauche qu'il exhibe devant le tribunal. Il demande 3 500 euros. « On a affaire à un individu dangereux », conclut-il.
« T’as de la chance que je t’ai pas coupé le bras »
Dans le trajet qui le ramène au commissariat, Sofiane, ivre mort, se déchaîne sur la patrouille : « Espèce de chien, t’as de la chance que je t’ai pas coupé le bras, la prochaine fois je te la mettrai dans la tête. » « Je n'étais pas dans ma conscience », s'excuse le prévenu. La procureure demande un an ferme.
La défense : « Je comprends que le parquet soutienne la police, mais ici on est dans une enceinte de justice, cogne-t-il, poursuivant : Celui-ci est un homme handicapé physique depuis l’accident qui lui a brisé les deux jambes en 2008. Depuis, il boit. La maison d’arrêt n’est pas adaptée aux handicapés. » Il demande une mise à l’épreuve et qu’on l’éloigne de ces deux femmes.
Un an ferme, un an de sursis avec mise à l’épreuve pendant deux ans, 1 500 euros pour Jérémy.